- Une journée avec les grues cendrées en 2011 -

Le 27 février, avec un ami photographe, nous avons prévu de passer une journée dans un des affûts de la LPO Champagne-Ardenne, pour photographier les grues cendrées.

A cette période, des milliers de grues sont stationnées dans la région du lac du Der, en Champagne-Ardenne, afin d'y passer l'hiver. Elles arrivent ainsi au mois de novembre et décembre, pour en repartir courant mars. Cette région offre de grandes étendues agricoles, ainsi qu'une grande retenue d'eau, propices aux grues : Les terres agricoles leur apportent de la nourriture, alors que le lac du Der leur apporte la sécurité des lieux, pour y passer les nuits. Ensuite, elles repartiront vers les pays du nord de l'Europe et vers la Russie, pour y nicher.

Arrivés la veille dans la région, une halte sur la digue qui borde le lac du Der, nous permet d'observer les premiers oiseaux, et de réaliser les 1ères images, sur fond de nuages colorés par le soleil couchant. Le temps est gris et pluvieux... Nous espérons qu'il sera meilleur demain !

 
 

Le lendemain, après une nuit agitée, nous voici partis pour l'affût à 6 heures du matin. Afin de ne pas déranger les grues, nous devons nous installer avant le lever du soleil et l'arrivée des grues, et n'en ressortir qu'une fois qu'elles seront reparties passer la nuit au lac du Der. Nous allons donc passer près de 12 heures de suite dans notre cachette !!!

Nous nous installons le plus confortablement possible dans l'abri, et commençons l'attente... Vers 7h30, nous sommes tirés de notre engourdissement par des chants de grues qui résonnent au loin... Elles approchent... Les sons se rapprochent, mais nous ne les voyons toujours pas... Et puis, tout à coup, des formes apparaissent dans la grisaille du matin, elles sont là, majestueuses, nombreuses, et passent au dessus de nous dans un vacarme impressionnant avant de se poser dans les champs aux alentours.

 
 
 
 
 
 

Une fois au sol, les grues commencent leur repas... Elles passent alors les heures qui suivent à picorer, fouiller, chercher, gratter le sol à la recherche de leur pitance, et l'abondance des restes de maïs dans les cultures leur facilitent bien la tâche, merci la LPO !

Malgré tout, il est frappant de constater que les grues ne cessent de chanter, ou plutôt de crier car leur "chant" n'est pas des plus mélodieux... Il est même plutôt variable d'un individu à l'autre, et semble même parfois provenir d'une gorge bien enrouée !

 
 
 
 

Une fois rassasiées, les grues commencent une séance de toilettage méticuleux. Toutes les parties de leur corps y passent : Le ventre, le dos, les ailes, et la partie du cou qui leur est accessible avec de multiples contorsions... 20 minutes de nettoyage et un ébrouage tonique plus tard, les grues repartent ensuite vaquer à leurs occupations.

 
 
 
 

L'occupation suivante des grues est passionnante.

Lorsque les couples sont déjà formés, les oiseaux commencent les parades nuptiales. Le rituel est alors à chaque fois le même : Le mâle et la femelle se tiennent face à face, et, chacun leur tour, entreprennent une série d'abaissement de la tête vers le sol, puis de sauts, petits ou grands. Le tout est accompagné par des battements d'ailes et des chants, le cou et la tête bien étirés vers le ciel...

 
 
 
 
 
 
Alors que la journée avance, les oiseaux ont maintenant besoin de se dégourdir... Plusieurs fois dans l'après-midi, ils s'envolent alors par petits groupes et se posent dans les champs ou les pâtures, quelques mètres plus loin !
 
 
 
 

L'atterrissage provoque alors parfois des pas de danse et des querelles, ponctuées de coups de bec, de cris et de courses-poursuites...

 
 
 
 
 
 
Soudain, la pluie fait son apparition... Violente mais brève... Imperturbables, les oiseaux n'y prêtent même pas attention !
 
 
 
 

Et toute la journée, les grues ont chanté, chanté, et chanté sans s'arrêter !!!

En réalité, le vacarme est assourdissant, sauf lors de rares occasions... Ce fut le cas par exemple, lorsqu'un coup de feu, tiré par un chasseur, vient résonner dans le vallon, ou bien encore lorsque qu'un ULM passe au dessus de nos têtes. A ce moment là, l'instant est incroyable : Les 2 ou 3 milliers de grues présentes sur les lieux se taisent d'un coup, et attendent que le danger passe... Le silence est pesant... L'ambiance est magique... Puis quelques sons se font entendre, et, comme par contagion, le vacarme recommence de plus belle jusqu'à la prochaine alerte !

 
 

Enfin vers 18H00, alors que le jour décline, les premières grues quittent la place par petits groupes... Le soleil joue alors à cache-cache avec les nuages, pour leur donner de belles couleurs, et accompagner les derniers groupes de centaines de grues, qui partent vers le lac du Der pour y passer la nuit.

Il est temps pour nous de sortir de l'affût, de nous étirer, et de nous dégourdir les jambes, avant de reprendre la route, des images plein la tête, et des chants de grues plein les oreilles...!